Schumann – Album à la Jeunesse, Op. 8

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Description

ROBERT SCHUMANN « ALBUM A LA JEUNESSE » PAR FRANCOISE THINAT

C’est en ouvrant « Le Livre de raison » tenu par Robert Schumann que l’on saisit la date où l’auteur eut l’idée de ce recueil. Le 31 août 1948, il note en effet ceci : « Idée de l’Album à la Jeunesse. Petits morceaux pour Marie ». A la page suivante, celle du 1er septembre : « Anniversaire de Marie, son-contentement. L’Album à la Jeunesse ».

Huit jours plus tard, il apparaît que l’album est à peu près terminé. L’auteur lui ajoute cependant d’autres morceaux, puis il les classe tous le 26 septembre, et l’expédie le lendemain.

Toutes ces pièces assemblées en moins d’un mois constituent un chef-d’œuvre dont n’ont pas assez conscience, semble-t-il, trop de musiciens et de pianistes, aujourd’hui. A les lire de près, il est pourtant aisé de les apprécier à la mesure d’un autre livre de raison ; ce que firent les contemporains de Schumann, réservant à cet album un accueil dont tous se félicitaient.

Se qui frappe à la lecture comme à l’audition des 43 pièces de « l’Album » est, outre la progression dans la difficulté de l’interprétation la logique interne de l’édifice et, peut-être surtout, l’envoûtante diversité du propos, de la couleur, de la durée, de l’éloquence.

La mélodie initiale de « l’Album à la jeunesse » découle de motifs faciles mais nous mesurons, alors, ce que la facilité veut dire et ne devons pas nous méprendre sur ce qu’est, au fond, ici cette facilité : l’aisance du savoir gagné…

N’est-il pas, dans l’ordre des choses et de la logique, écoutant « airs de chasse » d’être surpris par le « modernisme » de certaines tournures rythmiques, que d’autres, après lui utiliseront ?

Beaucoup plus que d’autres, le monde musical de Schumann est un mouvement perpétuellement renouvelé. L’intention pédagogique de son Album est indéniable, mais nulle part, mieux qu’en cette occasion, ne s’aperçoit aussi bien le sérieux où il tient l’enfant, la jeunesse étant à ses yeux, nous semble-t-il, de très grandes personnes.

Musique simple, d’éloquence directe, celle de l’Album à la jeunesse témoigne d’une constante maîtrise de l’écriture. C’est pour cela qu’elle nous semble si proche, sans rien perdre de ses secrets car il en est ici, qui paraissent, indiscutablement.

De « Mélodie » à « la Saint-Sylvestre », du premier donc au dernier du parcours, nous comprenons que Schumann a également tenu à doser les difficultés d’expression et d’interprétation en appliquant ses propres préceptes réunis dans ses « conseils aux jeunes musiciens ». De tous ceux-là, retenons-en au moins deux : « Vous ne comprendrez l’esprit que quand vous serez maître de la forme » – « A mesure que vous grandissez attachez-vous à vous familiariser avec les partitions plutôt qu’avec les virtuoses ». Et pour conclure, ajoutons enfin celui-ci : « Parmi vos camarades, choisissez de préférence ceux qui en savent plus que vous ».

Schumann est l’un de ceux que nous devons choisir. Son Album va nous le prouver.

Georges Léon