Description

Présenter en quelques lignes la Passion selon Saint-Matthieu tient de la gageure : devant l’éclatante majesté de l’œuvre, la grandeur du sentiment exprimé, il n’est plus guère de mesure humaine, ni de parole juste. C’est qu’à travers sa perfection formelle, la Matthäus-Passion demeure, à n’en point douter, l’une des œuvre les plus sublimes que la mort du Christ ait jamais inspiré à un compositeur. De la vient que devant ce Sinaï de la Musique, croyants et athées se rejoignent en une commune ferveur et admiration : il n’est pas jusqu’à Nietzche l’incrédule qui, après l’avoir entendu par trois fois à Bâle, au cours de la Semaine Sainte n’ait avoué son trouble : « Quiconque à complètement désappris le christianisme, disait-il, l’entend ici comme un véritable Evangile ».

Ce drame du Golgotha que Bach, déjà en 1723, avait chanté dans la Passion selon Saint-Jean, trouve dans la Matthäus-Passion, composée six ans plus tard, de nouveaux développements, de plus intimes lueurs. Si la première composition, œuvre d’un homme encore jeune, séduits par ses accents humains, la seconde, fruit d’une pensée grave et mûrie, émeut bien plutôt par son intensité, sa ferveur. Tout, ici, semble consommé et une méditation passionnée sourd des ces pages où l’humain, se mêle au divin, où la force tragique, plonge au tréfonds de l’âme.